Décryptage par Pierre Baas.

Dans l’indigence apparente de la demande religieuse, un mot d’ordre : avec inventivité, ne pas faire oublier l’infinie richesse et la profondeur humaine et divine du salut.

L’histoire nous montre que la pratique religieuse, en France et dans la vieille Europe, est soumise à une désaffection réelle. C’est une crise de l’institution. De l’Eglise, certes, mais aussi de tant d’autres institutions. Dans le christianisme, cette désaffection concerne aussi bien le baptême, l’eucharistie, la confirmation que d’autres pratiques telles que le mariage ou les funérailles chrétiennes, mais aussi, sans doute la lecture de la Bible et la prière personnelle. Dans tous ces espaces religieux, les dommages sont
évidents et il n’est pas un ministre du culte qui nous dira le contraire.

En fait, ce sont les démarches essentielles du culte qui ne répondent plus à l’attente des chrétiens. Les rites centraux de la vie chrétienne sont délaissés au profit d’autres rituels tels que le sport – voir le dernier Mundial -, la communication – voir les accessoires actuels de communication -, les loisirs – voir les multiples Paradis Land -.
Sans parler des rites de notre existence personnelle, familiale ou sociale : anniversaires, fêtes de famille… Bref, dans tous ces domaines, religieux ou civils, il semble bien que ce soit la loi de l’offre et de la demande qui s’applique. Dans l’univers religieux c’est la demande qui baisse alors que dans le
domaine laïque, c’est l’offre qui augmente et se diversifie.

Cependant, les rites religieux présentent cette particularité d’être chargés d’antiques et lourds symboles. Ils relèvent d’un univers de signification auquel tous les acteurs participent et, par là,
communient. Parce qu’ils sont symboliques, ils permettent l’identification d’un individu dans une société, et celle d’un groupe social dans une société globale. Certes, le rite religieux peut assez facilement se dégrader en ritualisme plat, uniquement soucieux d’observer des rubriques et d’exécuter des prescriptions.
Le paisible christianisme que nous connaissions autrefois peut, aujourd’hui, être vu comme fait d’habitudes plus encore que de foi.

Mais, en dépit de ces dangers, le rite tient, dans la vie du chrétien et dans son histoire, une place considérable. Il ne méprise pas la densité humaine, le parcours humain, de chacun. Bien au contraire, il lui offre une autre dimension. La grâce de Dieu se coule dans le sillage du parcours humain quitte à le
corriger, à le rectifier, à l’éveiller à ses possibilités les plus hautes. C’est dans le rite que notre caractère humain et le dessein de Dieu se compénètrent.
Baptême, confirmation, eucharistie ou Sainte Cène sont des moments clés de l’existence humaine où se rencontrent l’homme et Dieu. Mais, aussi la célébration des funérailles que les familles et amis du défunt exercent, un autre moment décisif de rencontre avec Dieu. Bref, le rite, du moins pour les chrétiens, structure la foi chrétienne, il lui donne un corps et une expression irremplaçables.

Aujourd’hui, l’indigence apparente de la demande des croyants ne doit pas faire oublier l’infinie richesse et la profondeur humaine et divine de l’offre du salut. C’est aux ministres du culte et aux chrétiens engagés qu’il appartient de faire preuve d’inventivité, pour renouveler ce qui relève de notre responsabilité.