Si tous les protestants ont entendu parler d’Aigues-Mortes et de sa tour de Constance où furent emprisonnés, sous l’Ancien Régime, les camisards puis les femmes huguenotes, peu de gens sauraient situer Aigues-Vives sur une carte. Ce village, également dans le Gard, se trouve à vingt kilomètres plus au nord, à l’écart des routes principales. C’est là que naquit, le 1er août 1863 Pierre-Paul-Henri- Gaston Doumergue.

Doumergue: cette déformation populaire et méridionale de Dominique, fleure bon le midi méditerranéen.

Une carrière politique radsoc brillante

Fils de vignerons, le jeune Gaston fait son droit et s’inscrit au barreau de Nîmes. Magistrat colonial en Indochine, puis en Algérie, il est saisi à trente ans par le démon de la politique qui ne le lâchera plus. Élu en 1893, puis réélu député radical-socialiste de Nîmes, il sera toute sa vie fidèle à cette étiquette, et il nous apparaît aujourd’hui comme l’archétype du « rad-soc » (radicalsocialiste), dont les humoristes disaient qu’ils étaient comme les radis : roses au dehors, blancs au dedans, et toujours près de l’assiette au beurre.

Sa carrière sera brillante : vice-président de l’Assemblée Nationale, il devient ministre à plein temps. On le retrouvera toujours ministre de quelque chose ; des Colonies (1902), du Travail (1906), du Commerce (1906-1908), de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts (1908-1910)…

Bref, il a en permanence un maroquin sous le bras. Président du Conseil du 9 décembre 1913 au 2 juin 1914, il devient ministre des Affaires Étrangères au début de la Grande Guerre, et en 1917, il est envoyé en Russie pour convaincre Kerensky et ses mencheviks de ne pas signer de paix séparée avec l’Allemagne. Il n’y parviendra pas. […]