Lorsque nous, protestants, nous nous trouvons devant une question existentielle ou éthique, nous ouvrons notre Bible. L’idée, c’est d’aller directement à la source, trouver des réponses croyantes à nos interrogations. Mais voilà, le plus souvent nous savons ce que nous voulons trouver dans ce référencement. Aussi la quête prend la forme d’un étayage sélectif au travers de versets repris pour fonder nos présupposés, justifier nos positions.

Il est tout à fait en cohérence avec notre approche protestante que chacun puisse s’emparer des fondements scripturaires de façon subjective et personnelle. Cependant nous avons tendance à oublier dans cet exercice la part de l’Église, assemblée des croyants, dans la réception de cette parole transmise.

L’Église, dans notre tradition luthéro-réformée se porte garante d’un discours collectif autorisé et évolutif qui ouvre le texte biblique à une intelligence patiemment élaborée de façon concertée. Je nomme la réflexion théologique et l’étude herméneutique. Une lecture exclusivement naïve peut aboutir à des contresens et à une instrumentalisation préjudiciable à la vérité d’une parole de nature complexe, incarnée, multiforme. Néanmoins la démarche sélective d’une lecture primaire est rassurante. Le lecteur se sentant en pouvoir de trouver sa réponse qui devient la vérité et prend ainsi un caractère maîtrisable.

C’est ainsi que cette réflexion sur le couple humain soulevée par la légalisation du mariage pour couples de même sexe, est devenue une bataille de versets assénés comme des arguments. On cite les passages qui condamnent l’homosexualité en oubliant le contexte sociétal et légal des époques d’émergence de ces textes. On met en avant Paul – de culture pharisienne – en oubliant de remarquer que pour Jésus, c’était un non thème au regard de ce salut qui lui tenait tant à cœur. On invoque quelques versets fondateurs du couple humain qui, du coup, ne sont plus symboliques (ouvrant à un sens autre), mais deviennent image figée (idole).

Notre Eglise est actuellement saisie de la question de savoir si oui ou non, nos communautés paroissiales et pasteurs sont prêts à accueillir et bénir un couple de même sexe engagé dans un lien d’amour et de fidélité. Pour moi, c’est là un aspect d’une question plus étendue. Nos sociétés ont évolué, – nos représentations et parfois un moralisme pas évangélique du tout avec. Mais savons-nous seulement quelle forme de conjugalité, de sexualité est réellement préconisée par la Bible ? Il pourrait s’avérer au final, qu’un tel modèle n’existe pas et que tout dogmatisme en la matière s’apparente à un dévoiement conservateur. Il se pourrait aussi qu’une véritable éthique du couple émerge de cette recherche- là et puisse donner lieu à une parole publique libre et ouverte au souffle même de l’Esprit.